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Frédérique Angoulvent
" Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente ." Antoine de Saint Exupéry
Le Clown et le Croque-Mort
Lettre d'Arianne
Les demoiselles
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Poèmes
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CNIL n° 1123645
Attend Une main derrière sa nuque Une autre donne le soupé Sa bouche dit « attend » Un pas traînant, chaloupé Par la porte, sur mon coté Tend les médicaments Une couverture est demandée Ma main sur la sienne posée, Rencontre des phalanges glacées La peau tirée, accrochée Aux organes rongés Son corps dit « attend » La couverture est amenée Les pilules écrasées Au yaourt mélangé Par la cuillère administré Ses yeux disent « attend » Une main derrière sa nuque Une autre pour caresser Son souffle dit « attend » Le froid fait son entré Dans cette journée d’été Je l’ai laissé passer Pour être souffleté Une voix a criée Au delà du passé Combien furent absorbés De verres à sa santé Une main derrière sa nuque Une autre pour l’allonger Son cœur dit « attend » La lumière a baissée Demain est achevé Et n’a plus daigné Matin, se réveiller * * * Choix matinal Avancé, pris la main Oublié cependant L’autre arrivant L’ex prétendant Du matin précédent Un dilemme se pose Un choix s’impose C’est un qui s’offusque En tournant les talons L’autre qui sent le musc Bouche bée, patte en rond Que faire, que dire Si non courir Vers d’autres souvenirs ? * * * Au quartier de lune Des boucles posées Forment des arabesques Les frimas avançant Mon nez coulant S’épanche bruyamment A l’automne naissant Le village est heureux Du jeu des enfants Une taupe est passée Belles galeries fouillées Le jardin ravagé De la terre fécondée La taupe a creusé Le repos mérité * * * Un oiseau en fleur Tout au fond d’un jardin Un oiseau malin Un parfum jasmin Au tournant d’une allée Un oiseau envolé Un visage fardé Dans un arbre aux senteurs Un oiseau chanteur Un rosier en fleur Sur une marche d’escalier Un oiseau a crevé Une larme a coulée Mon cœur s’est arrêté Un oiseau décomposé Une rose a fanée. * * * Dispositions Pour bien raisonner Il faut poser les évidences Pour bien pérorer Il faut confondre les absences. A la recherche des mains couvertes D’essence, d’un autre lendemain Elle rhabilla ses chairs offertes Et se farda avec destin. Hier, vieille et fatiguée Aujourd’hui, belle à pleurer Comme l’hymen reconstitué. Ira se faire consoler Vers des voussures immaculés Ou ne pinent pas les roturiers * * * Au bout, et puis à gauche, et puis à droite, au fond de la cour…. Du fond de la salle j’entendis « Des gâteaux » Et c’est accablée que je suis Aux fourneaux ! C’est en pensant, du moins croit-elle, Qu’ébaudie, J’amalgame, méli-mélo mêle, Son incurie. Ha ! Vilaine Que ma peine Te soit vaine Car je souhaite Que dînette Te rende chouette * * * Exhalaisons Il faut apprendre à naître nul par Apprendre la démesure des temps Composer, adapter les hasards Faire d’eux un participe en élément. A chaque part, trouver les quarts Prendre naissance aux coins tourments N’être en mettant bas, masques fards Abolir source, jugement. Son chagrin charge ses hanches Et ses chevilles, parfois flanchent Et le gadin, la marque franche. Un qualifiant de malhonnête Ou de puante, comme la bête L’ont enrobées, elle se rejette. * * * Je croise et je décroise Les gens de mon passé Les années ont filées Ils sont décomposés Je croise et je décroise Ces regards compassés Ces histoires bigarrées Ils sont presque effacés Je croise et je décroise J’aimerai digérer Les mépris affichés Sur leurs lippes médusées * * * Sel de mer Sel de carrière A ciel ouvert Plaies de retenue De plaies en fa A mi-couvert Tout est à l’eau, aime la mère * * * Minuit s’élève A mer basse Pas de visage, étrangère Pas de passage, silence immense Minuit m’appel A mer basse Mise à sac Ressac * * * C’était un homme comme il faut, un homme beau Et bien fait au sourire charmeur, aux yeux ravageurs. Un homme bien né, un homme marié. Même ses moiteurs ne revêtaient pas de senteur, Sa femme l’avait aimé, il l’avait fécondée, Il s’en était lassé mais conservait le souvenir du passé Et restait à ses cotés sans jamais l’idée de la quitter. Le quotidien bien installé devant dame télé. Mais aux derrières s’intéressait bien plus qu’il ne se l’avouait Mais pour autant, autant qu’il en trouvait. Et c’est ainsi que fort nombreuses furent les malheureuses. Que disait-il aux péronnelles ? Bien moins qu’il n’en faut pour que se précipitent les donzelles Etait-ce pour ses beaux yeux qu’entre ses mains, se retrouvaient leurs seins ? Qui de plus séduisant qu’un homme malheureux ? Qui de plus appétissant qu’un homme ténébreux ? Voila que nos jeunes filles, se précipitent et doucement lui taillent la pipe Et se redressent haletante et dans l’attente en essuyant leur lippe Notre brave gaillard trop tourmenté sans doute et trop marié Assurément, ne saurait sombrer dans la sexualité ! Sans pour autant se mettre en frais, le beau causeur sans cœur Assure qu’il ne s’est rien passé Se faire sucer c’est pas bander ! Se faire sucer c’est pas coucher! Se faire sucer c’est pas baiser ! Se faire sucer c’est pas tromper ! C’est un acte de camaraderie affranchie, autant dire une confiserie ! Sans rancoeur et sans pleur, sans fierté, sans douleur, Le corps abandonné, dolente, le sexe en feu dans la tourmente, D’une insatisfaction criante. Un rendez-vous est pris, à dans dix ans, restons amis, pour le moment... Les damoiselles se rafistolent et vantent Les mérites de cet homme convoité qu’elles ne pourront pas chevaucher Et qui toujours se pose exemple de fidélité. * * * A la fin d’un été Un amour est trompé Sept épis de blés Au début d’un automne D’un autre homme A croqué la pomme * * * Déménager Elle a, comme elle est, tu le sais Déménagé C’est ainsi, et la vie, tu la sais Déphasé Elle m’a prie par la main, tu le sais Embrassé Je n’y suis pour rien, tu le sais Pénétré Attendre, écouter, tu la sais Confortée Elle est, comme elle à, tu le sais Refusé * * * Landor Soles Eclairage standard Du formulaire au plumard Un plantureux repas sans apparat, Une mère le préparât. Un vieux ventru assis en place Couvait des yeux L’éphèbe qui lui faisait face Le jeune aux mille grâces Pour l’occasion s’était équipé De ce que le vieux grognait grognasse Une gamine sans charme à la vilaine tignasse Ils s’animent de mots, le vin coule à flot, La môme s’empourpre quant le terme est posé Les joues en feu, les bourses expliquées. Le minou, sous prétexte, quitte la table et monte au premier La pucelle, la bouche encore pleine Attend que l’autre s’en revienne. Le vieux n’y tenant plus la congédie Et l’envoie chercher son bel effronté. Arrivée au palier, rien n’est allumé, Elle tâtonne D’un fauteuil, une main la retient, Soulagée, s’y abandonne. De mains, de loin, d’étoffes qui tombent Parvint à bout du petit monde A l’écoute en bas Le vieux s’en va * * * Petit gilet bien boutonné Si sagement fermé Reflet de mon passé Tu affiches le ton empesé Elle dit ce que tu es Elle sait comme tu es fait Elle parle à l’imparfait Ne sachant si je sais Tu ne poseras pas le masque Des tourments de tes frasques A tes coté je ne suis Qu’une démente vide à l’ennui Tu m’imagines ne rien comprendre Je n’ai qu’envie de te surprendre J’attends la fin de tes méandres Pour mieux vivre de tes cendres. * * * A peine perdu Elle s’est perdue Faut-il s’être trouvée, Pour avoir droit de se retrouver ? Ou ne peut-on des à présent, Quant il est encore temps ? Pourquoi devoir s’arrêter, si vite De ne plus être encore perdu ? Dans le ramassage des pendus Avec des ecchymoses de mal venu La tuberculose des pieds nus Et les ulcères des déconvenues Qui couvent les cancers des mal conçus Si elle se trouvait Vraiment, maintenant, Comme cela s’est déjà vu, Elle se pendrait Tout simplement. * * * En surprenant la révérence que vous Lui fîtes à mon approche Il en rougit et vous tendit la joue Invite aux sons des cloches En vous voyant ainsi, si jolie Rubescente aux compliments Belle godiche impolie Exciter mes sentiments Vous détourner à mon bonjour Je mesurai mon temps passé * * * Pour que tu puisses A l’ombre et seule Sereinement m’oublier, Pour que finisse Ta triste gueule D’ingénue humiliée Il aurait fallu Qu’un moment tu eus Dans ton cœur fourbu Et tes doigts crochus Quelques caresses De la tendresse Un peu d’ivresse Pour que je puisse Au soleil avec toi Croire et tout recommencer Pour que jaillisse De toi comme de moi Une vie douce, à rêver. * * * Anor Par un matin d’automne Un bol alimentaire Jeté à terre La tête en feu Les lèvres sèches Des mains revêches A l’après midi du jour Bilan de parcours Masque de vieux Le souffle court Les pieds dignes Le cœur se meure A la fin de ces heures Une âme en langueur Persiste et signe Des yeux se ferment Des jambes dorment Un corps s’éteint * * * Aux premières gelées Un constat est fait Amer et désolé Des fautes révélées Montrent des derrières Sur des écrans charniers Un cœur blessé Se révèle fier Face à l’adversité Des menaces lancées D’une haleine infecte Montrent l’obscurité Un homme inconscient du passé S’imagine détenir des vérités Il se sent bien puissant Et se montre méprisant Tout ce qu’il touche Comme la mouche Se couvre d’immondices Et mille malices Et il attend que l’autre A qui il incombe la faute Aille nettoyer, récurer Aimer, pardonner. Un jour, l’autre justement Finira par lui mettre le nez dedans * * *